I
Au petit jour naissant, nous aperçûmes le Japon. Juste à lheure prévue, il apparut, encore lointain, en un point précis de cette mer qui, pendant tant de jours, avait été létendue vide.
Ce ne fut dabord quune série de petits sommets roses (larchipel avancé des Fukaï au soleil levant). Mais derrière, tout le long de lhorizon, on vit bientôt comme une lourdeur en lair, comme un voile pesant sur les eaux : cétait cela, le vrai Japon, et peu à peu, dans cette sorte de grande nuée confuse, se découpèrent des silhouettes tout à fait opaques qui étaient les montagnes de Nagasaki.
Nous avions vent debout, une brise fraîche qui augmentait toujours, comme si ce pays eût soufflé de toutes ses forces contre nous pour nous éloigner de lui.*
La mer, les cordages, le navire, étaient agités et bruissants.
Notes
* Dès le commencement, le Narrateur voit le Japon comme un pays hostile aux étrangers.